Sam Altman, pompier pyromane de l’intelligence artificielle


Sam Altman, à Sun Valley (Idaho, Etats-Unis), le 10 juillet 2023.

Ce doit être le propre des géants de la Silicon Valley que de vouloir laisser leur trace dans l’histoire de l’humanité, de se croire une vocation messianique. Sam Altman ne déroge pas à cette règle. Cofondateur et dirigeant d’OpenAI, il est à la tête de la société qui a créé ChatGPT, ce logiciel d’intelligence artificielle capable d’accoucher de textes en langages naturels, selon les requêtes qui lui sont adressées.

Prisé par les étudiants, qui s’en servent pour écrire leurs rédactions, utilisé par des développeurs afin de réduire leur temps de travail, ChatGPT soulève néanmoins des inquiétudes. Vu son efficacité et sa capacité à gagner en précision, il menace de remplacer nombre d’humains dans leur profession.

Et voilà qu’aujourd’hui, le même Sam Altman, 38 ans, natif de Chicago, passé brièvement par l’université Stanford (Californie), se présente comme le rempart face aux dangers de l’intelligence artificielle, à travers un autre projet − appelé Worldcoin −, dont il est bien difficile de comprendre l’objet principal. Il s’agit à la fois pour l’entreprise de lancer une nouvelle cryptomonnaie et, à terme, de pouvoir créer un revenu universel de base en vue de compenser l’impact des nouvelles technologies.

Enquêtes

La nature même de la société est elle-même alambiquée : ici une entité vouée à ne pas dégager de profits, là une autre qui devra dégager du chiffre d’affaires. Mais ce n’est pas le plus problématique. Pour mener à bien son projet, Worldcoin a également conçu un produit, l’Orb, un objet cylindrique de la taille d’une boule de bowling, grâce auquel il est possible d’effectuer une capture de l’iris de toute personne souhaitant souscrire aux services de Worldcoin et qui doit garantir ainsi l’identité des détenteurs de cette nouvelle cryptomonnaie. Une forme de passeport numérique.

Fruit d’un travail de trois ans, la société a officiellement lancé son activité le lundi 24 juillet, mais elle défraie déjà la chronique. Au Kenya, où elle a proposé d’adhérer à son programme moyennant une récompense d’environ 45 euros, des milliers de personnes se sont présentées pour faire scanner leur iris… avant que le gouvernement ne mette fin à l’opération, mercredi 2 août, en attendant de pouvoir établir « la légalité des activités [de Worldcoin], la sécurité et la protection des données collectées, ainsi que la manière dont les collecteurs ont l’intention d’utiliser les données ».

D’autres autorités de contrôle se sont penchées sur les activités de Worldcoin. La Commission nationale de l’informatique et des libertés, en France, par exemple, s’est associée à ses homologues bavaroises, qui s’étaient déjà saisies de ce dossier. Des enquêtes sont aussi lancées au Royaume-Uni par l’Information Commissioner’s Office. Aux Etats-Unis, Worldcoin n’a tout simplement pas l’autorisation de proposer sa cryptomonnaie.

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